Interview
Maître Nicolas Fourdrinier – Notaire à Paris
Par Marianne Martin et Juliette Feller
“Aujourd’hui, l’analyse de l’EHF devient quasiment impossible. C’est d’ailleurs pour ça qu’Intellig’IA arrive au bon moment.”
1. Pouvez-vous vous présenter
Je suis Nicolas Fourdrinier, notaire à Paris depuis bientôt 15 ans. L’étude dans laquelle j’exerce a été créée il y a 3 ans. Elle est composée de deux notaires et de cinq collaborateurs. Nous avons une activité plutôt orientée sur le droit des affaires, la transmission d’entreprise, mais nous traitons naturellement de tous les domaines d’activité classiques du notariat (ventes immobilières, transmission de patrimoine immobilier, etc).
2. Selon vous, quelle est la place des nouvelles technologies et de l’IA dans l’évolution du notariat ?
Les nouvelles technologies et l’IA occupent une place prépondérante dans l’évolution du notariat. J’ai été membre de chambre pendant 3 ans à la CINP. Nous avons beaucoup travaillé sur les nouveaux outils qui sont à développer, à la fois pour sécuriser notre travail au quotidien, mais aussi pour améliorer notre productivité.
Notre profession est précurseur à ce niveau, nous avons complètement abandonné le courrier postal et c’est une bonne chose. Même les administrations (SPF, services d’enregistrement, etc.) ont pour objectif d’arrêter les courriers. La dématérialisation n’est plus une question, elle est intégrée.
À propos de l’intégration d’Intelligence Artificielle dans nos processus, c’est un autre point puisque cela va impacter le paysage de notre profession. En effet, nous attendrons de nos collaborateursqu’ils sachent analyser les situations juridiques bien évidemment, mais également qu’ils soient capables d’utiliser ces nouvelles technologies. L’objectif n’est pas qu’elles fassent le travail à leur place, mais qu’elles sécurisent leurs activités au quotidien.
3. Est-ce que le fait que l’IA soit davantage présente dans votre étude et qu’elle ait une place importante peut vous faire peur ?
Pas vraiment. Cependant, avoir peur de ce que nous ne connaissons pas est une réaction tout à fait humaine. Cela concernera les acteurs qui considèrent que leur plus-value peut disparaître si l’on met en place ces outils. Mais avoir peur ne ralentira pas leurs développements : depuis 15 ans, notre métier de tous les jours a totalement été révolutionné. Pas au niveau du conseil apporté au client, ni à l’aspect humain, mais au niveau des outils mis à disposition pour la profession. Je me souviens avoir passé énormément de temps à faire de la mise sous pli, à envoyer des courriers… Aujourd’hui, cela n’a plus rien à voir… Pour un dossier traité il est désormais possible d’en traiter au moins quatre. Nous pouvons nous concentrer sur les points juridiques et la constitution de dossier complet.
4. Qu’est-ce-qui vous a poussé à utiliser Intellig’IA ?
C’est d’abord par curiosité. C’est très bien qu’il y ait des entrepreneurs qui essaient de développer des services ou des outils pour la profession et j’ai l’habitude d’échanger avec eux pour les découvrir.
Et ensuite,
par besoin : l’analyse des états hypothécaires devient de plus en plus complexe. Pour contrer cette complexité, mes collaborateurs et moi-même travaillons sur Excel, mais cela prend un temps infini et le risque d’erreur est important. Le raisonnement doit être différent : faire travailler un outil informatique (intelligence artificielle ou non) et, par la suite, vérifier. La vérification est une étape qui ne pourra être remplacée, c’est un vrai défi.
Par exemple, le calcul des plus-values immobilières dans notre métier est devenu très complexe. Tous les simulateurs présentent un avertissement disant « à vous de vérifier le calcul ».
5. Concernant les EHF, quels sont selon vous les enjeux de leurs analyses ?
Les EHF sont la base de nos actes en matière immobilière, leur analyse est donc essentielle. Nous avons manqué une fois une inscription avec un notaire participant, révélée à l’occasion de la prorogation de l’EHF. Le fait de parfois être contraint de travailler dans l’urgence nous expose à ce type de risque.
6. D’après vous, quel(s) impact(s) a eu la mise en place de Fidji sur la lecture de vos EHF ? Est-ce que ça a augmenté le temps de l’analyse par exemple ?
Les premières années, nous n’avons pas ressenti les impacts. Et
aujourd’hui, l’analyse de l’EHF devient quasiment impossible. C’est d’ailleurs pour ça qu’Intellig’IA arrive au bon moment. Au début de la mise en place de Fidji, il y avait peu d’EHF qui contenaient beaucoup de formalités du flux. Maintenant, c’est l’inverse : dans les copropriétés, au bout de 20 ans le flux commence à l’emporter sur le stock.
“Là on est trois : Intellig’IA, le collaborateur et le notaire.”
7. Sauriez-vous dire quelles en sont les raisons ?
À mes yeux, la principale raison est le volume croissant des formalités Fidji, avec une présentation trop « basique ». À mon avis, à l’origine une présentation basique a été proposée, en pensant que le jour où ça deviendrait illisible le sujet serait retravaillé.
La mise en place de FIDJI, était déjà une révolution en elle-même.
8. Comment y répondiez-vous au sein de votre étude, avant Intellig’IA ?
Au tout début, comme les EHF étaient encore imprimés,
le processus était assez fastidieux : les inscriptions levées étaient barrées à la main, l’effet relatif et les modifications à retrouver dans notre acte étaient stabilotés. Avec la dématérialisation on utilisait un outil tel qu’ Inot Scan, mais le processus restait le même (surlignage informatique, mark-up, etc.).
Pour les EHF complexes, je travaillais avec un tableur. J’ai souvenir de deux dossiers avec de nombreuses parcelles, ça nous a pris une dizaine d’heures.
9. Et comment Intellig’IA, vous a aidé à répondre à ces problématiques ?
L’outil Intellig’IA répond à toutes ces problématiques. Que les EHF aient beaucoup (ou peu) de publications sous FIDJI, nous avons tout intérêt à utiliser l’outil pour éviter toute erreur de lecture. C’est un réflexe à prendre pour demain.
Nous sommes désormais trois : Intellig’IA, le collaborateur et le notaire. Cet ordre est important car si nous voulons faire les choses correctement, le collaborateur et le notaire doivent continuer d’aller vérifier l’analyse faite par Intellig’IA. Ce sont les mêmes conseils que nous avons retrouvé avec la mise en place de l’ANF.
10. Quel impact le plus notoire avez-vous remarqué depuis l’utilisation d’Intellig’IA, sur le processus d’analyse des EHF ?
Le temps. Intellig’IA nous livre une première analyse. À nous ensuite d’aller vérifier que tout est cohérent en recoupant les données avec les titres des propriétés et les origines qu’ils contiennent.
11. Quelle est la fonctionnalité d’Intellig’IA, qui selon vous, apporte le plus de valeur ?
Tout dépend de la typologie du dossier mais
il sera appréciable de voir rapidement s’il y a plusieurs inscriptions hypothécaires, si elles ont toutes été levées ou s’il en reste en cours de validité. En ce moment, mon collaborateur Jérôme a un dossier en droit rural, et il trouve
très intéressant d’avoir l’arborescence des parcelles mère-filles.
12. En tant que Notaire, pensez-vous qu’Intellig’IA puisse vous rassurer sur le travail de vos collaborateurs?
L’IA va nous simplifier la première analyse, mais pas nous rassurer sur le travail effectué.
C’est un outil qui accélère le processus, mais c’est nous qui devons nous rassurer en vérifiant.
13. Êtes-vous satisfait de votre expérience sur Intellig’IA ? Jérôme Baudoncq, collaborateur de Nicolas, prend la parole :
Oui. Là par exemple, j’ai un dossier avec de nombreuses divisions parcellaires et remembrements.
J’aime beaucoup cette arborescence, qui me permet de retrouver les filiations de parcelles. C’est pratique de pouvoir se situer.
Ça m’a vraiment facilité la tâche ! J’ai pu vérifier que je ne m’étais pas trompé.
Plus l’état hypothécaire est complexe, plus l’outil est utile et nous aide. Aujourd’hui, il n’y a plus un EHF, où il n’y a pas au moins 15 numéros d’ordre sur FIDJI. Une limite de présentation numérique a été atteinte, et tant que les SPF ne modifieront pas leur présentation du flux, nous aurons besoin d’Intellig’IA.
14. Quels pourraient-être nos axes d’amélioration ?
Peut-être ajouter les dates de division / remembrement ou alors une fonctionnalité qui permettrait de visualiser les derniers propriétaires sur le schéma de l’arborescence.
Si c’était possible, il faudrait également extraire l’avant FIDJI. Après, il est vrai que les inscriptions actives avant FIDJI se font plus rares. Par contre, sur les servitudes et les charges ça pourrait être intéressant.
15. Recommanderiez-vous Intellig’IA à un confrère ?
Oui ! Je l’ai d’ailleurs déjà montré en démonstration à des confrères ! Je leur ai suggéré de prendre un dossier avec un EHF très long à analyser, pour qu’ils se rendent compte des avantages de l’outil.
Les études dotées d’un service d’immobilier complexe ne pourront pas faire l’économie de cet outil.
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